Fil d'Ariane

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Parcours du Musée Alsacien

Les collections originelles du musée sont majoritairement constituées par les apports des fondateurs (ensembles de costumes régionaux, pièces de bois sculptées, mobiliers, photographies). Ils sont complétés par la suite par des dons et des dépôts (fonds de Judaïca) mais aussi des collectes et acquisitions. Si celles-ci sont dans un premier temps motivées par l’esthétique des objets, et la volonté de façonner au travers des collections une image idéalisée de la culture alsacienne traditionnelle, une démarche plus scientifique est engagée à partir des années 1920. Soucieux de refléter au mieux les mutations culturelles régionales et d’évoluer vers un véritable musée de société, le Musée Alsacien prends ces dernières années un nouveau cap et s’oriente vers des actions scientifiques et une politique d’acquisition englobant les différents aspects de la vie contemporaine, le patrimoine culturel immatériel ainsi qu’une ouverture plus large à la diversité culturelle du territoire. Riches de plus de 50.000 œuvres et objets du 18e au 21e siècles, les collections du Musée Alsacien permettent d’explorer les thèmes suivants :

  • Alsace, espace et histoire

L’une des ambitions du musée est de donner à comprendre le territoire alsacien dans sa diversité géographique et sa complexité historique. Espace de confins entre les aires culturelles latine et germanique, l’Alsace n’est caractérisée ni par une unité spatiale, ni par une histoire identique sur l’ensemble de la région. Peuplades diverses, petite noblesse, villes indépendantes, évêques, rois, empereurs et nations se sont succédés jusqu’à l’alternance des rattachements à l’Allemagne ou à la France des derniers siècles. Si aujourd’hui, l’Alsace se veut un trait d’union entre ces deux pays au cœur de l’Europe, son identité et ses frontières suscitent encore aujourd’hui questionnements et controverses.

  • Habiter

L’unité d’habitation constitue un axe important des collections. Ce thème regroupe les éléments d’architecture – dont la technique traditionnelle de colombage caractéristique du paysage de la plaine d’Alsace - aussi bien dans leur aspect fonctionnel que dans leur symbolique et leur décor. Les motifs dont ils sont ornés se retrouvent sur les objets du quotidien et le mobilier régional très coloré, qui rattachent l’Alsace à l’aire culturelle de l’Europe centrale. De nombreuses reconstitutions anciennes rythment le parcours. Certaines très fidèles telles la Stùb (pièce à vivre) urbaine d’Ammerschwihr, ou celle, paysanne, de Wintzenheim, permettent de se donner une idée du mode de vie des Alsaciens du 17e ou du 18e siècle. D’autres, plus libres, sont une invitation à la rêverie ou à l’évocation d’un passé idéalisé.

  • S’habiller

La proportion importante d’éléments de costumes (plus de 10.000 pièces) dans les collections du Musée Alsacien témoigne de la volonté originelle de rendre compte de l’évolution et de la diversité des modes régionales alsaciennes. À travers ce riche fonds, le Musée invite également à interroger différents aspects de la culture matérielle et de l’histoire des mentalités tels que les questions d’hygiène et le rapport au corps, les enjeux de représentation ou de marquage social dont les costumes peuvent être les porteurs. Ils permettent aussi de questionner l’image idéalisée et politisée de l’Alsace, forgée à travers les multiples clichés, dont le costume et le célèbre nœud font partie.

  • Grandir, devenir

La vie en société est marquée par des rites de passage qui rythment les différents stades de la vie du berceau à la tombe. De nombreuses pièces de la collection (vœux de baptême, mappot, couronnes de mariées ou souvenirs mortuaires) permettent d’explorer ces sujets tout en mettant en évidence les différences et similitudes entre les communautés présentes hier et aujourd’hui sur le territoire. Mais c’est aussi l’occasion d’aborder de manière approfondie les distinctions sociales et de genres au sein des communautés, la définition des rôles respectifs et l’assignation de tâches spécifiques. Ces distinctions, qui s’opèrent souvent dès l’enfance, font-elles toujours sens aujourd’hui ? Dans quelle mesures les objets qui en témoignent peuvent-ils nous aider à mieux en comprendre leurs enjeux et leurs limites ?

  • Croire

Dès sa conception, le Musée Alsacien a souhaité appréhender tous les cultes présents sur le territoire. Cette démarche était une preuve de tolérance à l’égard des différentes communautés, dans une région qui, avec la Moselle, se distingue du reste de la France par le maintien du Concordat et des Articles Organiques. Ce régime spécifique rend la frontière entre le domaine religieux et la vie publique plus perméable. Outre les courants monothéistes présents en Alsace au moment de la création du Musée (Judaïsme, Catholicisme, Protestantisme), des rituels plus anciens, rappelant les racines païennes de l’Alsace et parfois encore pratiqués, sont également illustrés par les collections. Aujourd’hui, la vie religieuse et spirituelle de la région a évolué, et la présence de bien d’autres courants amène l’institution à s’ouvrir davantage vers la diversité mais aussi à questionner le rapport de l’individu aux croyances.

  • Rythmer l’année

Notre calendrier est rythmé par des événements festifs ou plus solennels. Ceux-ci sont très souvent liés aux croyances, aux saisons et aux traditions agricoles (transhumances, semailles, vendanges…) mais peuvent aussi revêtir une valeur de commémoration et marquer des faits historiques particuliers. Les fêtes en Alsace sont ainsi liées à la richesse des ressources présentes sur le territoire, aux rythmes de la journée et des saisons, à la multiplicité des confessions, mais aussi à l’histoire particulière de l’Alsace-Moselle et aux conflits traversés au fil des siècles.

  • Travailler

Le propos du Musée Alsacien accorde une place non négligeable aux métiers, aux savoir-faire et à la technique. De nombreux objets témoignent du développement des techniques agricoles, artisanales, industrielles mais aussi artistiques d’une région qui bénéficie, du fait de sa position frontalière, des échanges intellectuels avec les pays voisins. Ces collections revêtent aussi une importance patrimoniale remarquable : plus que des objets fonctionnels, ils sont aussi un outil de compréhension de savoir-faire disparus ou perpétués et transmis par la tradition orale et la pratique. Enfin, ils sont aussi porteurs d’une symbolique liée à la protection du corps de métier, du produit ou des denrées et, à ce titre, font partie du patrimoine immatériel alsacien.

  • Se soigner/se protéger

Médecine et rites de protection sont étroitement liés dans les sociétés traditionnelles. Si l’Alsace comporte de grandes figures qui ont fait d’elle une pionnière en matière de recherches et de progrès médicaux, les collections nous rappellent aussi que les maux auxquels étaient confrontés nos aïeux ne trouvaient pas toujours de remèdes dans la science. Ainsi peut-on trouver en Alsace les témoins de nombreux rites de protection liés à des moments de vulnérabilité de l’individu (naissance, maladie) à des passages particuliers aussi bien temporels – rites solaires – que spatiaux - protection du seuil de la maison. Ces pratiques se révèlent dans le parcours de visite, où l’on découvre également la reconstitution emprunte de pittoresque d’une officine d’apothicaire.

  • Visages d’Alsacien(ne)s

Découvrez l’histoire des hommes et des femmes qui ont vécu en Alsace et dont les collections sont les témoins. Un objet, un écrit à l’apparence anodine peut dévoiler un destin extraordinaire, un instant ou l’histoire surprenante ou émouvante de ses propriétaires. En explorant cette thématique, le visiteur découvre la grande diversité des cultures et des communautés qui ont vécu ou vivent encore en Alsace et qui, toutes, ont contribué à façonner son aspect actuel. Les visages d’Alsacien(ne)s, se sont aussi ceux de nos visiteurs, ou ceux que nous avons rencontré au fil des années, qui ont accepté de témoigner et de nous dire ce que pour eux, est l’Alsace d’aujourd’hui.