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Collections du Cabinet des Estampes et des Dessins

Des débuts tourmentés

Suite aux bombardements de la guerre de 1870, les collections strasbourgeoises de peintures, mais également l’inestimable bibliothèque municipale sont anéanties. Après la défaite et le rattachement à l’Empire allemand, le Kaiser Guillaume 1er souhaite faire de Strasbourg un jalon culturel et une vitrine de la culture allemande. Otto Back, maire de la ville, prend la décision de créer un Kupferstichkabinett (Cabinet des Estampes) le 5 juillet 1877, signant ainsi l’acte de naissance de la collection. Grâce aux indemnités de guerre versées à titre de réparation par la France, la Ville de Strasbourg tentera de reconstituer des collections culturelles. À ses débuts, le destin du Cabinet des Estampes est lié au Musée des Beaux-arts, pour lequel l’historien Wilhelm von Bode travaille activement afin de construire une nouvelle collection.

À partir de 1898, les deux collections sont liées physiquement au premier étage du palais Rohan. Camille Binder est alors l’un des premiers conservateurs de la collection primitive. En plus des acquisitions menées par les responsables de l’institution, les collections sont enrichies progressivement par l’intégration d’autres ensembles, comme le fonds graphique du Hohenlohe Museum, avec d’importants dessins d’ornement, versés au Cabinet des Estampes et des Dessins en 1918.

À partir de 1939 les collections du Cabinet des Estampes intègrent les fonds de la Bibliothèque des Musées formant un ensemble présentant les originaux et la documentation, combinaison très appréciée par les chercheurs et les étudiants.

En 1984, les collections quittent le Palais Rohan pour intégrer leur localisation actuelle, le 5 place du Château. L’édifice abritait précédemment le siège de l’ancienne École de Santé militaire, et fut construit en 1861 par l’architecte Gustav Klotz.

Dernière étape de la vie des collections, suite à la décision de la ville de créer un nouveau bâtiment dédié à l’art d’art moderne et contemporain : les œuvres modernes sont séparées et désormais conservées au Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMCS). Certaines œuvres modernes, correspondant aux ensembles documentaires, vues de la Ville, d’Alsace ou de la Cathédrale, sont maintenues au Cabinet des Estampes.

Des conservateurs emblématiques

Les collections du Cabinet des Estampes sont le reflet de personnalités emblématiques qui ont pu imprimer leur marque sur les contours de cette institution. Sabine Hackenschmidt fut la responsable emblématique du Cabinet des Estampes au début du XXe siècle, de 1913 à 1938. Très au fait de l’aspect plastique des collections en raison de son activité de graveuse et de dessinatrice, elle fut en contact avec les artistes, notamment Max Beckmann lors de son passage à Strasbourg.

Après avoir dirigé la bibliothèque des Arts décoratifs, Paul Ahnne dirige le nouveau regroupement de la Bibliothèque des Musées et du Cabinet des Estampes à partir de 1939. C’est sous son autorité et avec le soutien de Hans Haug que le Cabinet des Estampes devient peu à peu une institution autonome. En signant de nombreuses publications généralistes sur l’histoire d’Alsace richement illustrées par des œuvres du Cabinet des Estampes, Paul Ahnne participa largement à la diffusion des collections.

Plus près de nous, sous la responsabilité d’Anny-Claire Haus, d’importantes expositions des fonds précieux du Cabinet des Estampes sont entreprises, comme les miniatures strasbourgeoises ou la gravure germanique. C’est cette dernière qui accompagna la séparation des collections au moment de la création du MAMCS.

La collection d’estampes

Le fonds d’estampes anciennes est un fonds généraliste comprenant les grandes écoles de gravure, entre le XVe siècle et la fin du XIXe. Composé d’environ quatre-vingt - dix mille épreuves, il est l’un des plus importants des musées de région en France. Initié par les autorités allemandes, il est fondé sur le modèle des Kupferstichkabinetten, présentant une histoire de l’art graphique en Occident, avec les principaux foyers, dont l’Italie et les écoles du Nord. Si la quantité et la qualité d’œuvres germaniques y sont également importantes, peut-être dans une volonté de légitimer la place de Strasbourg dans le giron culturel allemand, on constate par ailleurs la présence dès l’origine d’un important fonds français, avec par exemple des ensembles conséquents d’œuvres de Jacques Callot et Honoré Daumier.

La destruction totale des collections de la Bibliothèque municipale, bombardée en août 1870, a également poussé les responsables du cabinet des Estampes à documenter la tradition imagière alsacienne – strasbourgeoise en particulier –, en collectant les artistes qui y furent actifs à partir de la fin du XVe siècle. Cette entreprise a été rendue possible, entre autres, par la vente aux enchères en 1896 de la collection de Ferdinand Reiber, important collectionneur d’alsatiques (ouvrages et gravures réalisés en Alsace). Les dessins Numériquement moins important que celui des gravures, Le fonds de dessins, avec environ dix mille feuilles, présente les mêmes caractéristiques.

En plus des œuvres emblématiques des grandes écoles italiennes, germaniques, du Nord ou françaises, on trouve une orientation spécifique concernant le foyer strasbourgeois. Ce dernier est représenté par des productions des artistes du XVIe au XIXe siècle, avec des œuvres de Hans Baldung, Tobias Stimmer, Friedrich Brentel, Philippe-Jacques de Loutherbourg ou Benjamin Zix. Un fonds d’albums datant du XVIe au XIXe siècle complète les collections de dessins

Les fonds documentaires

En complément du fonds artistique constitué dès la création de l’institution, le cabinet des Estampes et des Dessins conserve des ensembles dits « documentaires », qui rendent compte en images de l’histoire de l’Alsace, celle de Strasbourg en particulier. Le fonds des vues de Strasbourg est riche de plus de mille quatre cents dessins et gravures, datant essentiellement du XVIIe au XIXe siècle. Particulièrement apprécié des chercheurs, ce fonds témoigne des changements intervenus dans la physionomie de la ville depuis près de quatre cents ans. Un ensemble de cartes et de plans permet d’avoir une vision plus large de la cité et de ses limites. Les vues de Strasbourg sont complétées par deux mille cinq cents vues d’Alsace, où se côtoient dessins, gravures et photographies des hauts lieux de la région avec plusieurs points forts, comme les vues de châteaux, notamment celui du Haut-Koenigsbourg, ou encore du mont Sainte-Odile.

Autre corpus cohérent, l’ensemble de vues de la cathédrale illustre la permanence de la fascination que le bâtiment a exercée sur les artistes au fil des siècles. À travers les centaines de vues que conserve le cabinet des Estampes et des Dessins, on peut percevoir les évolutions et modifications de l’édifice. La collection de représentations d’événements alsatiques constitue autant de témoignages précieux des grands moments de l’histoire de l’Alsace, des visites royales aux soulèvements révolutionnaires.

D’autres images, plus banales, comme celles des calendriers anciens, datant essentiellement du XIXe siècle, révèlent le moment où l’image se fait utilitaire et commerciale, et entre progressivement dans le quotidien des Alsaciens. De même, les étiquettes commerciales, cartons d’invitation ou ex-libris deviennent alors de nouveaux domaines d’expression pour les illustrateurs.