Un couple brisé ? - Musées de Strasbourg
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Un couple brisé ?
La Tête d’homme barbu au turban du musée de l’Œuvre Notre-Dame est un vestige du décor de l’ancienne Chancellerie de Strasbourg. Le buste entier, tout comme celui de la femme qui formait son pendant, (Head of a Sibyl - site du Liebighaus) a été brisé lors du bombardement de Strasbourg en 1870. Les deux têtes, détachées des corps connus par un moulage ancien, ne sont ensuite respectivement réapparues qu’en 1915 et 1935, pour être acquises par les musées de Strasbourg et de Francfort (Liebighaus).
Les deux sculptures étaient tournées l’une vers l’autre. On a très tôt donné à ce couple d’âge inégal – objet de dérision au Moyen Âge – l’identité du bailli Jacques de Lichtenberg et de sa maîtresse, la belle Barbe d’Ottenheim, qui défrayèrent la chronique à cette époque. Mais un couple scandaleux aurait-il été représenté sur un monument aussi prestigieux ? Il s’agit en fait vraisemblablement d’un prophète et d’une sibylle, prophétesse du monde antique.
S’ils ont été associés à des personnages réels, c’est sans doute parce que ces bustes étaient d’un réalisme saisissant. Appuyés chacun sur le rebord d’une fausse fenêtre, ils étaient penchés en avant, comme pour solliciter l’attention des passants. Cette animation des corps s’accordait parfaitement avec l’expression de leurs visages, pétillants de malice. L’illusion de réalité, virtuose, était encore accentuée par le caractère profane des vêtements, qui donnaient aux personnages une apparence familière.
Les deux comparses de la Chancellerie se sont retrouvés pour quelques mois en 2012, grâce à l’exposition Nicolas de Leyde, sculpteur du XVe siècle - Un regard moderne.
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Cette Tête d’homme barbu au turban et son pendant, une Tête de femme conservée au musée Liebighaus de Francfort, sont les seuls vestiges du décor du portail de l’ancienne Chancellerie de Strasbourg, commencé en 1463. Situé sur un côté de l'actuelle Place Gutenberg, le bâtiment fut désaffecté après un incendie en 1686 et son portail fut sans doute démoli au moment de la Révolution, lorsque le bâtiment fut mis en vente. Les restes sculptés furent transférés à l’église du Temple Neuf, dans les collections lapidaires de la Ville. L’ensemble brûla dans un incendie en 1870.
Ces restes de deux bustes accoudés ont longtemps été identifiés à tort comme le bailli Jacques de Lichtenberg et sa maîtresse la belle Barbe d'Ottenheim.
Le type du vieillard barbu et ridé, aux traits accusés, répandu dans la sculpture depuis la fin du XIVème siècle, est transcrit de manière inédite par Nicolas de Leyde. Le traitement incisif des détails de l’épiderme, joint à l’expression attentive du visage, rendue avec finesse, construisent un puissant sentiment de réalité. Mais le sculpteur dépasse ici la simple imitation de la nature, et cherche surtout à saisir les subtilités de la psychologie de son personnage.
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